D’après l’analyste Valère Bessala, l’assassinat du journaliste Martinez Zogo aura été l’ultime faute, dans la guerre des clans que se livreraient certains hauts commis de l’Etat. De passage dans l’émission “Le Grand Débat“ sur la chaîne CAM 10, l’administrateur civil a mis en lumière les manœuvres des différents protagonistes. Extrait.
« La mort de Martinez Zogo est certes un élément déclencheur, mais ce n’est pas un fait du hasard. Quand vous regarder comment l’enquête évolue, vous comprenez que cela a été préparé au moins six mois à l’avance. Ce qui se passe a été préparé à l’avance par l’autre réseau. C’est-à-dire, comment pousser le réseau adverse à la faute ? En attendant la faute, qu’est-ce qu’ils faisaient ? Ils préparaient l’environnement informationnel. Ils ont construit toute cette bataille. Vous avez un influenceur web qui vous dit : « tel court le risque d’être assassiné ». Il n’est pas Dieu. Mais l’information circulait déjà. C’est-à-dire qu’il est certainement tombé sur ce qui allait constituer la faute de ce réseau qui est dos au mur ».
La faute tant attendue
« Quand on arrive à ce que l’on voit aujourd’hui, on se rend compte que ça va très vite. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient déjà identifié [les acteurs] même ceux qui dans la machine sécuritaire collaboraient avec le camp d’en face. Donc, il fallait juste les amener à la faute. Et une fois que la faute a été commise, c’est-à-dire abattre Martinez Zogo, la machine a été enclenchée. Et c’était pour amener le président de la République à prendre les décisions qu’il faut pour les aidés à combattre le réseau d’en face. L’instruction du président, l’interpellation du DGRE et ses éléments, les envoyer au SED… Voilà comment la machine s’est mise en place. Ç’a été préparé longtemps à l’avance ».
Qui tient la Justice, tient le pouvoir ?
« Ce qui se passe actuellement, ce sont les préparatifs de la phase judiciaire qui, elle, ira très vite. Cette phase judiciaire est bloquée pour le moment parce qu’il faut d’abord faire tomber les têtes au niveau politique à travers un remaniement. Je voudrais qu’on fasse attention ; le complot qui a été ourdi par ce camp qui est dos au mur est un complot très sérieux. Marafa [Hamidou Yaya, l’ex Sgpr] en son temps, parce que c’était lui le chef de l’autre gang avant son arrestation, avait compris une chose : si vous voulez absolument tenir le pouvoir dans ce pays, il faut tenir soit la Justice, soit les prisons. Quand il était ministre de l’Administration territoriale (Minatd, Ndlr.), il était aussi ministre des prisons.
Une fois que celui qui était Sgpr jusqu’en 2011 [Laurent Esso, Ndlr.] devait revenir dans le gouvernement, il a repris l’administration pénitentiaire du Minatd et l’a accroché au ministère de la Justice. C’est pour cela qu’il y a le chantage autour de tous les ministres. Vous pouvez échapper à ce réseau-là au niveau politique, mais vous finirez à la justice. Et quand vous allez en justice, vous finirez en prison. C’est pourquoi ils ont réussi à avoir autour d’eux, la plupart des grands responsables politiques de ce pays. Ils se sont affiliés par peur de ce que Paul Biya peut les abandonner demain, mais ceux qui tiennent la justice et les prisons peuvent être ceux qui les sauvent. Alors, on est obligés de collaborer ».