Pendant près de deux heures, excédant largement l’ordonnancement initial, les Présidents Paul BIYA et Emmanuel MACRON ont fait le tour d’horizon de l’actualité au Cameroun et en France, et repasser les événements qui agitent la scène internationale. De cet échange, il s’est dégagé une large convergence de vues entre les deux dirigeants, comme en témoignent leurs propos liminaires respectifs lors de la conférence de presse qui s’en est suivie.
Prenant la parole en premier, le Président BIYA s’est dit particulièrement heureux d’accueillir au Cameroun le Président Emmanuel MACRON. Il a relevé que cette visite, intervenant au début du second mandat du Président MACRON, « porte témoignage de la grande qualité et de la solidité des relations anciennes qui unissent nos deux pays ». S’agissant ensuite de leurs entretiens, le Chef de l’Etat a affirmé qu’ils les ont confortés dans leur « détermination à œuvrer sans relâche au fonctionnement de cette relation fructueuse et mutuellement bénéfique ». Le Président BIYA a dit avoir exprimé au Président Macron sa satisfaction pour le soutien multiforme que la France apporte au Cameroun au plan sécuritaire, notamment dans la lutte contre le terrorisme, ainsi qu’au plan économique et financier. Les deux Chefs d’Etat sont convenus de poursuivre leurs efforts dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie et des infrastructures, de la formation et du développement local.
A la suite de son homologue, le Président MACRON a donné les raisons de son déplacement au Cameroun : la profondeur de la relation franco-camerounaise et le caractère exceptionnel de l’amitié entre nos deux pays ; la place du Cameroun en tant que partenaire stratégique de la France en Afrique centrale, une région à laquelle il « souhaite consacrer plus de temps lors de ce second quinquennat ».
Emmanuel MACRON a promis de porter à un niveau encore plus élevé les concours de la France en faveur du Cameroun, surtout en matière de développement économique. Par ailleurs, il s’est dit admiratif des talents dont regorge la jeunesse camerounaise dans tous les domaines. Il s’agit d’aider ces jeunes à réussir, a-t-il conclu.
Après ces propos introductifs, les deux Chefs d’Etat ont répondu aux questions des journalistes.
La presse française est notamment revenue sur la question de l’alternance politique au Cameroun en 2025. La réponse du Président BIYA a été nette et sans ambages : « Comme vous le savez, le Cameroun est dirigé conformément à sa Constitution. Et d’après cette Constitution, le mandat que je mène a une durée de sept ans. Alors, essayez de faire la soustraction : 7- 4 ou 3, et vous saurez combien de temps il me reste à diriger le pays. Mais, autrement, ce sera su ; quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informé sur le fait de savoir si je reste ou si je m’en vais au village. »
A une autre question qui lui est posée, le Chef de l’Etat s’est étendu sur les contours du nouvel accord de coopération militaire avec la Russie. Il s’agit tout simplement du renouvellement d’une ancienne convention existant entre deux pays amis qui entretiennent des relations confiantes en matière de défense et de sécurité. Des traités similaires existent avec de nombreux autres pays en Europe ou ailleurs.
Le Chef de l’Etat français, quant à lui, s’est expliqué sur ce que la presse camerounaise perçoit comme un traitement discriminatoire à l’égard de l’Afrique par rapport à l’Ukraine, dans les soutiens de la France aux pays en difficulté économique ou sécuritaire, sur ses déclarations publiques face à l’interpellation des activistes camerounais de la diaspora concernant la marche de la démocratie et le respect des droits de l’Homme au Cameroun, et enfin, sur la nécessité pour la France d’assumer la responsabilité des crimes commis par l’armée française lors de la guerre de libération au Cameroun. A toutes ces questions, le Président MACRON a apporté des réponses édifiantes. S’agissant notamment de la question mémorielle, il a annoncé la mise sur pied d’une commission multidisciplinaire entre la France et le Cameroun pour faire la lumière sur cet épisode douloureux de notre histoire commune.
Cet échange avec la presse s’est déroulé en présence de la Première Dame, Madame Chantal BIYA, attentive et captivée.