Paul Biya est candidat à ‘âge de 92 ou 99 ans et des poussières. Sans honte ni compassion pour le peuple camerounais qui se meurt par manque d’eau ni d’électricité. Il est le candidat de sa famille, pas des camerounais ; il est le candidat de ses créatures pas du peuple.
Mais il est encore candidat pour la énième fois et sa famille danse : nous sommes encore là, supportez les piétinements et la misère… Et tous nos caprices. Il est là, notre candidat de cent ans. Et…
Et j’entends la terre gémir ; je ne vois nos ancêtres pleurer en se roulant par terre. Encore ? Nos descendants vont encore souffrir ? Pourquoi Seigneur. Um Nyobe écrase trois larmes. Asane s’étouffe de tristesse. Pourquoi faire autant de mal à nos descendants ? Biya et ses créatures s’en fichent. » Vous voulez qu’on cesse de manger, pourquoi ? » rétorquent-ils en minaudant. C’est nous le peuple élu du Cameroun. C’est vrai qu’ils ne peuvent pas laisser le Cameroun à un autre peuple, parce qu’ils sont alpha et oméga, le début et la fin de chaque chose. Ils doivent continuer à piller et à laisser pourrir ce peuple qui en 1982 avait aimé l’homme qu’il ne fallait pas: Paul Biya !
Les voilà criant de joie : nous a sept ans de plus, s’exclament-ils. Pourquoi vous lamentez-vous ? Vous êtes faits pour la misère, la mort vous aime si bien ! Et pour maquiller l’esbroufe, ils parlent de démocratie, les pilleurs des caisses de l’état. Ils parlent des urnes, eux qui confisquent les bulletins de vote et qui envoient l’armée arrêter les gens. Ils parlent de démocratie, ce indignes qui arrêtent des marcheurs et les emprisonnent pendant plus de sept ans
Ils parlent d’égalité, ceux là qui voyagent en Jet privé aux frais de l’état tandis que le peuple qui essaie de rallier Yaoundé à Douala, crève dans des accidents savamment voulus. Et les voilà qui passent leur temps à faire résonner des sirènes dans la ville pour narguer le peuple : » Ces idiots vont nous faire quoi ? » demandent-ils, méprisants. Ils ne baissent jamais les vitres fumées de leurs voitures de luxe pour ne pas sentir l’odeur de la populace si nauséabonde. » Nous sommes LE CAMEROUN ! »
Ils sont le Cameroun et nos ancêtres sanglotent, le Cameroun est gâté, un pourrissement par la racine qui fait dire à certains qu’au soir du 12 octobre, il feront sécession. Les projets de nos pères fondateurs se disloquent ; le Cameroun se fragmente tandis que les imposteurs parlent d’unité nationale. Ils se partagent le Cameroun en famille comme autrefois les incroyants les vêtements du Christ. Ils nous piétinent ; ils nous écrasent ! Ils s’auto félicitent de l’extraordinaire bonne nouvelle, les salopards. Ils restent de marbre face aux sanglots du peuple.
Et ce peuple autrefois si soumis lève la tête : » ça ne passera pas. » Il gesticule : » on ne se laissera plus faire. » Ils vont aux élections en sachant que les dés sont pipés, que Paul Biya sera déclaré vainqueur… Quelque part, un jeune écrit : Si Paul Biya Blague, Moi Dieuh je ne blague pas. »
Affaire à suivre.
Calixthe Beyala