À trois mois de l’élection présidentielle camerounaise, la liste des candidats s’allonge à un rythme effréné. Ce dimanche soir, pas moins de 31 candidats avaient déjà déposé leur dossier auprès d’Élections Cameroon (ELECAM). Ce nombre record, rapporté reflète l’effervescence politique dans un pays où l’enjeu du scrutin est crucial. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, est encore à 92 ans, parmi les postulants.
31 candidatures pour l’élection présidentielle est énorme et illustre la fragmentation du paysage politique camerounais. Parmi les candidats déjà confirmés figurent des poids lourds de la scène politique. Pas seulement et cela reflète une diversité de profils et d’ambitions. En réalité, ce nombre record témoigne d’une mobilisation sans précédent. Le délai de dépôt des candidatures va s’achever le 21 juillet 2025. Et la liste définitive attendue sera publiée pour le 13 août après examen par le Conseil Constitutionnel.
Les Têtes d’Affiche de la Course de l’Élection Présidentielle 2025
- Paul Biya (RDPC) : À 92 ans, le président sortant a officialisé sa candidature le 13 juillet 2025 via un message sur X, suscitant des débats sur son état de santé et sa capacité à briguer un huitième mandat. Soutenu par le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), Biya reste une figure centrale, malgré les critiques sur son bilan de 43 ans au pouvoir.
- Maurice Kamto (MRC) : Leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Kamto, 71 ans, est un adversaire redoutable. Candidat en 2018, où il a revendiqué la victoire face à Biya, il a déposé sa candidature le 15 juillet, soutenu par l’Alliance Politique pour le Changement (APC). Cependant, des obstacles juridiques, liés à l’absence d’élus MRC à l’Assemblée nationale, pourraient compliquer sa participation.
- Issa Tchiroma Bakary : Ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Tchiroma, 75 ans, a rompu avec Biya pour se présenter sous la bannière du Front pour le Salut National du Cameroun. Il critique le régime pour avoir « brisé la confiance publique ».
- Joshua Osih (SDF) : Représentant le Front Social-Démocrate, Osih est une figure de l’opposition anglophone qui appelle à des réformes pour un scrutin équitable.
- Cabral Libii (PCRN) : Leader du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale, Libii, arrivé troisième en 2018, fait face à des tensions internes au sein de son parti, mais sa candidature reste confirmée.
- Akere Muna : Avocat et militant anti-corruption, Muna s’est également lancé dans la course, dénonçant la stagnation politique sous Biya.
- Autres candidats : Parmi les autres postulants, des noms comme Bertin Kissop, Éric Kamgan-Tan, Jean Gwet, Géneviève Ze Amvene, et Tuile Tuile Roger (parti Debout le Cameroun) ont été enregistrés, portant le total à 31.
Un contexte politique chargé
Selon ELECAM, 7,8 millions d’électeurs sont inscrits sur la liste électorale. La mobilisation est forte, notamment grâce aux campagnes menées par l’opposition et plusieurs organisations qui ont encouragé l’inscription des jeunes et des femmes. Cependant, des critiques, comme celle de Jean Michel Nintcheu de l’APC, pointent une « opacité » dans la gestion des listes électorales, alimentant les doutes sur la transparence du scrutin.
La fragmentation de l’opposition, avec plus de 300 partis politiques au Cameroun, reste un obstacle majeur. Malgré les appels à rallier un candidat unique, les rivalités internes et les contraintes légales compliquent cette unification. Les électeurs devront donc naviguer dans un paysage politique complexe, où la crédibilité du processus électoral est remise en question.