Ces jeudi 22 et vendredi 23 juin 2023 se tient, à Paris, le Sommet sur le nouveau pacte financier mondial. Son ambition, « créer un choc de financements » en faveur des pays les plus vulnérables au changement climatique. Bertrand Badré co-préside le groupe de travail sur le financement du secteur privé. Il a dévoilé au site Ouest France, les enjeux de cette rencontre internationale.
300 États, organisations internationales et représentants de la société civile ou du secteur privé y sont attendus. Parmi lesquels le Cameroun, représenté par le président Paul Biya.
Quels sont les enjeux de ce sommet ?
Nous avons réalisé que des incompréhensions se développaient lors des réunions internationales. Certains pouvaient avoir le sentiment que les Occidentaux privilégient la lutte contre le changement climatique à l’aide au développement. Alors que si effectivement on veut lancer une transition, elle doit être à l’échelle mondiale : cette transformation du système économique ne fonctionnera que si tout le monde est embarqué. Ce n’est pas qu’un sujet carbone, mais aussi d’inclusion…
On voit également depuis quelques années un sujet pour les pays du Sud vis-à-vis des pays du Nord, et singulièrement des pays de l’Ouest : « C’est vous qui avez consommé le budget carbone, qui avez promis des milliards sans les donner, qui nous donnez des leçons. »
Le sommet doit être un moment où l’on pose les choses, et j’espère qu’on se dira dans dix ans que c’est là qu’on a commencé à changer la trajectoire ! Il faut revenir à l’agenda originel de 2015 : climat, développement durable, et partenariat pour le développement.
Développer le secteur privé
Qu’entendez-vous par « nouveau pacte financier » ?
Aujourd’hui, vous avez dans la même salle une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernements, mais aussi des grandes ONG internationales, des chefs d’entreprise – d’Axa à une PME du Mali car on doit aider le secteur privé à se développer dans ces pays.
C’est compliqué car nous sommes dans un monde où ces gens ne se font pas confiance : il faut recréer du lien, un pacte de confiance. On va tous se mettre autour de la table et faire un pas pour se retrouver. Relancer une dynamique de flux publics, d’investissements privés (y compris des investisseurs chinois, indiens, brésiliens), et du côté du Sud : mettre en place des politiques qui permettent de gérer ces flux. Et au milieu, que les grandes organisations internationales changent leur façon de faire.
Seule 5 % de l’épargne européenne et américaine est dirigée vers les pays en développement, et cela a plutôt tendance à diminuer.
« C’est à ces sommets qu’on plante les graines »
La taxation des transactions financières serait un moyen de répondre à l’enjeu de financement ?
C’est une piste poursuivie, il y a aussi des réflexions sur la taxation du transport maritime, des énergies extractives… Il y a 20 ans, j’avais travaillé avec Jacques Chirac pour aboutir à la taxe sur les billets d’avion, qu’un certain nombre de pays ont adopté. C’était vraiment son intuition : la mondialisation doit payer pour la mondialisation, c’est important de trouver des ressources.
Michel Camdessus, cogérant de Sipa avant moi, avait été l’un des premiers au Fonds Monétaire International à parler de l’annulation de dette : cela a mis quinze ans pour se faire. C’est à ces sommets qu’on plante les graines.
Ouest France