Lors de l’audience publique tenue ce lundi au Palais des Congrès de Yaoundé, le Conseil constitutionnel a examiné plusieurs recours. C’est dans le cadre du contentieux pré-électoral de la présidentielle prévue pour le 12 octobre 2025. Parmi ceux-ci, la requête déposée par Léon Theiller Onana, membre du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC).
Ce dernier demandait l’invalidation de la candidature du président sortant, Paul Biya, pour des motifs d’irrégularité.
Cependant, le Conseil constitutionnel a déclaré cette requête irrecevable. Selon les juges, la question de l’investiture d’un candidat, invoquée par Léon Theiller Onana, ne relève pas de la compétence de l’institution. Et pourtant, ses avocats ont détaillé de manière succincte leur action en pourvoi.
Lors des débats, l’un des avocats de Mr Onana a mis au défi le Président de la Cour Constitutionnel de se mettre de prendre congé. Et il l’explique ainsi:
« Le fondement juridique de la demande de Monsieur Theiller Onana, c’est l’article 23 de la loi n°2004 portant statut des membres du Conseil constitutionnel. […] Nous disons, Monsieur le président Clément Atangana, que Monsieur Léon Theiller Onana constate que vous, Monsieur le président du Conseil constitutionnel, avez pris part, le 29 octobre 2024, selon un rapport de Cameroon Tribune, à une réunion dénommée Adenso (Association des Élites du Nyong-et-So’o). Et, au terme des travaux de cette association, une motion de soutien a été adressée à Monsieur Paul Biya pour qu’il soit candidat à l’élection du 12 octobre prochain. Voilà les faits.
Mustapha Ngouana, avocat de Léon Théiller Onana
Voyez-vous, Monsieur le Président, cette question a fait l’objet d’une plainte de la part du MRC. Nous avons téléchargé cette plainte. Nous avons investigué, cherché à comprendre si cette procédure est arrivée à son terme. Nous nous sommes rendus compte qu’elle est encore pendante devant la Cour d’appel du Centre. […]
Vous êtes le régulateur du jeu politique au Cameroun. L’indépendance doit être de mise. Il ne doit y avoir aucune suspicion. Voilà pourquoi le législateur a prévu que, lorsqu’un magistrat est visé par une procédure pénale, il a l’obligation de se mettre en congé d’office, de lui-même. Dès lors informé, il se retire jusqu’à la fin de la procédure. […]
Voyez-vous, Monsieur le Président, nous ne nous attendions pas à vous voir ici aujourd’hui. Nous nous attendions à ce que vous montriez l’exemple concernant la procédure vous visant. Vous allez, si le quorum reste intact, délibérer dans cette affaire alors que vous êtes sous le coup d’une procédure pénale. Est-ce conforme à la loi, Monsieur le Président ? »
Comme attendu, Clément Atangana, le Président de la Cour Constitutionnelle a refusé de prendre congé.
Cette décision d’irrecevabilité de la requête met ainsi un terme à cette contestation. La candidature de Paul Biya, président en exercice depuis 1982 et candidat du RDPC, reste intacte pour le scrutin à venir.
Ce rejet s’inscrit dans un contexte plus large où 35 recours ont été examinés par le Conseil, reflétant les tensions et les enjeux autour de la validation des candidatures pour cette élection cruciale. Alors que le processus électoral se poursuit, cette décision pourrait alimenter les débats sur l’impartialité des institutions et la transparence du scrutin, dans un climat politique déjà marqué par des controverses.