Une vingtaine de personnels de santé se trouve en ce moment dans les locaux du Commissariat Central numéro 1 de Yaoundé. Ils ont été interpellés ce matin devant l’esplanade du ministère de la Santé publique (Minsanté) alors qu’ils manifestaient pacifiquement. « Les meneurs sont en cellule en ce moment. Ce qui est certain c’est qu’ils seront libérés en fin de journée. Les autres s’entretiennent avec le commissaire. Il n’y a pas lieu de craindre. On ne veut pas qu’ils affichent l’image que le pays va mal », confie une source policière proche du dossier.

Les personnels interpellés appartiennent à plusieurs hôpitaux de la ville. Notamment, l’hôpital Central, Jamot ; l’hôpital de District de Mvog-Ada, ceux d’Efoulan, Cité-Verte, Nkoldongo. « Ils n’étaient pas violents », reconnait notre source policière. Comment en est-on donc arrivé là ? « Une escouade est venue interpeler les grévistes, les amenant manu militari en cellule. On leur reproche juste de grever. Or depuis le 22 mai, nous manifestons pacifiquement car la grève est un droit ici au Cameroun. On est surpris. Nous comptons camper devant le commissariat central jusqu’à leur libération», explique Sylvain Nga Onana, président du syndicat CAP/Santé.

D’après lui, l’ordre serait venu d’Emmanuel Djikdent, le Préfet du département du Mfoundi. « Ce matin, on vient nous interpeller en nous disant que c’est le Préfet qui l’a décidé sous prétexte qu’on n’a pas demandé l’autorisation de manifester. Quand on a le droit de grever je ne crois pas qu’il est encore nécessaire demander l’autorisation de manifester. Et nous grevons devant notre ministère », poursuit-il. Contrarié.

Maintien de l’ordre public

Joint au téléphone, le préfet dit n’avoir donné aucun ordre. « Ils ont simplement été interpellé pour dissuasion. Le pouvoir ne peut pas laisser que ces personnes manifestent », fait savoir notre source policière. Et celle-ci de poursuivre : « Ils sont dans leur droit de grever. Mais le maintien de l’ordre prévoit de les interpeller pour calmer la situation ».

Et pour cause : « Quand des personnes prévoient une manifestation pacifique, elles doivent rester dans leurs bureaux. Lorsqu’elles envahissent une esplanade, d’autres personnes peuvent s’en servir et en faire de la récupération », analyse-t-elle. Donc, « Les interpeller c’est dans le but de libérer l’espace public. Si vous allez déjà sur l‘esplanade d’un ministère et que vous êtes nombreux, ça commence déjà à troubler l’ordre public. Les activités au sein de ce ministère ne seront pas menées de manière optimale», affirme notre source.

Un avis que ne partage pas Sylvain Nga Onana. « Un enfant qui pleure devant la cour de son papa doit être interpellé et amener manu militari en prison ? », s’indigne-t-il. Et pour ne rien arranger, « Le Commissaire nous demande d’aller rencontrer le Préfet. Il dit qu’il les libèrera sous l’ordre du préfet, autorité administrative régent de l’Ordre public ». En tout cas, les grévistes sont encore en conclave avec le commissaire principal. Mais ils sont déterminés. « La grève va continuer ».

L’urgentiste

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