Dans une tribune publiée sur sa page Facebook, l’économiste et membre du Shadow cabinet du SDF Louis-Marie Kakdeu évoque cinq fautes de gestion qui expliquent pourquoi le gouvernement s’entête à vouloir augmenter le prix du carburant à la pompe au Cameroun.

« Des alertes de plus en plus concordantes font état de la volonté du gouvernement à augmenter les prix du carburant à la pompe au Cameroun comme au Sénégal ou au Ghana. Le motif évoqué est que la subvention n’est plus soutenable. Le prétexte est même que c’est une exigence du FMI.
  1. Le Cameroun est un pays producteur de pétrole qui a choisi depuis près de 41 ans de se mettre à l’importation à 100% pour ses besoins de consommation. C’est une faute de gestion dans la mesure où le pays disposait bel et bien des moyens suffisants pour mettre à jour sa raffinerie. Si le pays raffinait son propre pétrole, le prix à la pompe serait d’environ FCFA 200 comme au Nigéria voisin.
  2. Les pays auxquels le Cameroun se comparent ne sont pas producteurs de pétrole. Aussi, ces pays n’ont pas l’atout géographique du voisinage comme le Cameroun où beaucoup de pays limitrophes sont de grands producteurs comme le Gabon, le Nigéria ou la Guinée équatoriale. On peut regretter que cet atout géographique ne soit pas exploité dans le choix d’une stratégie d’approvisionnement plus viable pour les consommateurs. Par exemple, le Bénin s’approvisionne tranquillement chez son voisin le Nigéria pour le grand bonheur de ses citoyens consommateurs.
  3. Le prix du litre du carburant (super) sur le marché international est d’environ FCFA 380. Le gouvernement dit acheter à FCFA 1140. On connaissait déjà dans ce pays l’affaire du sac de ciment qui coûtait FCFA 16000 au lieu d’environ FCFA 4000. C’est le même mécanisme : la spéculation et la corruption. Le gouvernement camerounais a choisi de traiter avec les traders là où il faut créer la libre concurrence pour le bonheur des consommateurs. En d’autres termes, si le gouvernement subventionne effectivement FCFA 510 le litre du carburant, alors ce sont les traders qui en profitent. Et si après ladite subvention, le carburant ne coûte pas environ FCFA 450 après transport, c’est à cause de la surtaxation gouvernementale.
  4. Un marché fermé : Le marché du carburant n’est pas libre ; contrairement à d’autres produits de première nécessité que n’importe quel opérateur économique peut importer librement, le gouvernement donne le « monopole » du carburant à 4 traders. Si le marché était libre, beaucoup de distributeurs se feraient fournir du Nigéria comme à Garoua, Maroua, Limbé, Buea, etc. En l’état, ce sont les gouverneurs de région qui s’occupent de bloquer cette liberté économique sur ordre du gouvernement.
  5. Résumé : Le litre du carburant pouvait coûter FCFA 200 au Cameroun si le pays raffinait lui-même son propre pétrole, FCFA 350 environ si le pays importait du Nigéria voisin ou FCFA 450 environ si le gouvernement supprimait la surtaxation. La rançon du monopole est que le contribuable-consommateur doit débourser FCFA 510 pour payer les traders et FCFA 630 pour acheter un litre à la pompe (à Douala et Yaoundé). C’est un scandale ! Nous disons assez
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