Le ministre des Finances (Minfi) Louis Paul Motaze était face aux députés le 19 novembre 2022 afin de «tordre le coup à toutes les fausses informations qui circulent » au sujet de l’audit en cours sur les lignes 65 et 94.
L’audit commandé par le chef de l’Etat Paul Biya sur les chapitres budgétaires 65 et 94 a laissé libre cours à toutes sortes de suspicions et de dénigrement. Entre 2010 et 2021, plus de 5 400 milliards de FCFA de dépenses ont été effectuées. D’où les supputations de l’opinion publique sur la nature des dépenses et la qualité des bénéficiaire.
« Contrairement à ce qu’on pense souvent, l’audit est quelque chose de normal ; que ce soit dans une entreprise ou au sein d’une administration de l’Etat. Dans notre pays, on est souvent enclin à penser que lorsque le Contrôle Supérieur de l’Etat mène un audit dans une institution, des gens iront en prison. Mais c’est faux ! L’audit, ce n’est pas pour amener des gens en prison, mais pour voir clair sur une situation donnée. Beaucoup seront surpris lorsque les résultats de l’audit en cours seront publiés », a martelé Louis Paul Motaze, interpellé par les Honorables Jean Michel Nintcheu du SDF et Cabral Libii du PCRN.
« Dépenses imprévues »
Ainsi, l’on apprend en guise de premier enseignement à tirer de ces échanges, que les chapitres 65 et 94 sont des lignes budgétaires qui supportent les dépenses imprévues de l’Etat. Ils servent respectivement à couvrir les charges non réparties de l’État en fonctionnement et à assurer la disponibilité des fonds de contrepartie et couvrir les autres charges non réparties de l’Etat en investissement.
Pour que les chapitres 65 et 94 puissent intervenir, « il suffit seulement qu’il y ait des dépenses qui ne peuvent pas être affectées à un chapitre particulier », a expliqué le Minfi. Louis Paul Motaze cite à titre d’illustration, deux cas précis. « Dernièrement dit-il, un pont s’est effondré à Maroua. Qui a prévu qu’un pont allait s’écrouler ? C’est vrai que c’est de la responsabilité du ministère des Travaux publics. Mais est-ce que le ministre des Travaux publics aurait pu prévoir qu’un pont allait s’effondrer dans son budget ? Non ! Il ne peut pas le prévoir ».
Autre exemple : « Nous avons une guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le budget attribué au ministère de la défense ne peut pas permettre de faire face à toutes ces dépenses ». Et donc : « ce sont les chapitres 65 et 94 qui financent ces imprévus : le chapitre 94 pour l’investissement et le chapitre 65 pour le fonctionnement. Ce sont des chapitres communs ; c’est à dire qui peuvent servir à tout, y compris ce qui n’a pas été prévu », a martelé Louis Paul Motaze, laissant entendre que même des élus de la nation ont recours aux ressources de ces chapitres budgétaires pour le financement de certains projets dans leurs circonscriptions respectives. « Lorsqu’on estime que le projet est bon et qu’il a une portée sociale, on finance. C’est de la responsabilité du gouvernement et nous l’assumons », dixit le Minfi.