La justice ouvre la voie à un retour à Dikolo des habitants expropriés il y a un an. Le 25 mai dernier, le Tribunal administratif de Douala a rendu une décision annulant le décret de confiscation de terrain pour cause d’utilité publique du domaine de Dikolo Bali.

Cette annulation est justifiée par plusieurs éléments. Tout d’abord, la déclaration d’utilité publique numéro 000033/MINDCAF/A10 DU 14 mars 2019 concerne le lieu-dit « Bessaké », alors que l’expropriation en cours concerne le lieu-dit « Dikolo » qui se trouve à 300 mètres de là. « Besseke » était situé sur les anciens terrains de la gare de Douala, dans le canton Akwa, derrière le collège Libermann, tandis que Dikolo est l’endroit où vivait la mère du Prince Rudolph Douala Manga Bell et où il a passé sa dernière nuit avant son exécution en août 1914. Cet endroit, chargé de symbole et sacré, est situé en face du drain qui longe la voie rapide, juste avant les feux de signalisation du carrefour Koumassi, relevant ainsi du Canton Bell et donc de Bali.

Une autre preuve troublante dans cette affaire est le titre foncier 750/W, mentionné dans le décret signé par le Premier Ministre et présenté comme appartenant à l’État du Cameroun. Il s’avère que ce titre foncier est enregistré dans les Livres fonciers au nom de Dame Endallé Mounga Mouandjo Madeleine, avec une superficie de 242 mètres carrés, situé à Deido au lieu-dit Bonantonè, à une distance de 6 kilomètres des lieux de l’expropriation. Cette accumulation d’erreurs ne peut pas être considérée comme fortuite. Elle semble plutôt avoir été intentionnelle, dans le but de détourner l’attention, de troubler les autorités administratives et de chasser les autochtones d’un lieu sacré et empreint de symbolisme, pour ensuite reconnaître que cet endroit n’est pas « constructible » pour accueillir des immeubles de plus de 3 niveaux et le partager entre amis.

« Nous sommes satisfaits aujourd’hui de cette décision, nous sommes soulagés nous sommes contents. Il y a eu des explosions de joie d’ailleurs ce jour, nous avons dansé sur le site et aussi nous espérons que les coupables de cette dérive de cette mafia seront vraiment punis. »

Patrick Moudissa Bell, porte-parole des victimes de Dikolo.

Il est incompréhensible que Monsieur Chi Nouako, qui est par ailleurs avocat au Barreau du Québec, n’ait pas remarqué ces incohérences. Nous sommes enclins à penser qu’il les a personnellement insérées dans les documents, sachant qu’il serait difficile de remettre en question la véracité des faits dès lors qu’ils sont soumis à l’approbation du Premier Ministre par ses propres collaborateurs. Cette manipulation de l’information soulève de sérieuses interrogations sur les intentions réelles derrière cette confiscation de terrain et remet en question la transparence et l’intégrité du processus.

La décision du Tribunal administratif de Douala d’annuler le décret de confiscation est donc une étape importante dans la protection des droits des autochtones et dans la préservation des lieux chargés d’histoire et de signification culturelle. Elle met en lumière les conséquences potentiellement néfastes de décisions prises sans une analyse rigoureuse et transparente des faits. Espérons que cette décision servira de rappel pour garantir une gouvernance responsable et éthique dans la gestion des affaires foncières au Cameroun.

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