En réponse à la nouvelle concernant le rejet par le tribunal de grande instance du Wouri d’une demande de libération de 23 manifestants, tous condamnés et détenus pour avoir participé à une manifestation en septembre 2020 à Douala, et parmi lesquels se trouve Dorgelesse Nguessan, une mère célibataire de 37 ans, Samira Daoud, Directrice du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a dit :

« Nous sommes profondément déçus que le caractère arbitraire de la détention de ces manifestants n’ait pas été reconnu. Arrêter des personnes et les incarcérer au seul motif qu’elles ont exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique est clairement arbitraire, et ne respecte pas les obligations du Cameroun en vertu du droit international des droits humains. »

« Ces 23 manifestants n’ont commis aucun crime et doivent être libérés immédiatement et sans condition. Toutes les autres personnes détenues dans le pays pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et d’assemblée doivent aussi être libérées. »

Demande de Amnesty International: complément d’informations 

En septembre 2020, plus de 500 personnes ont été arrêtées pour avoir participé à des manifestations organisées par le parti d’opposition, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).

Dorgelesse Nguessan, une mère célibataire et coiffeuse de 37 ans, fait partie des personnes arrêtées. Elle n’avait jamais été active dans le domaine politique, mais ses préoccupations quant à la situation de l’économie camerounaise – et du pays en général – l’avaient incitée à participer à la manifestation organisée par le MRC à Douala. Après une semaine de détention dans une cellule surpeuplée et insalubre d’un poste de police, Dorgelesse a été transférée à la prison centrale de Douala. Inculpée pour « insurrection » et « manifestations publiques » dont d’autres chefs d’inculpation, avant d’être condamnée le 7 décembre 2021 à cinq ans d’emprisonnement par un tribunal militaire.

Lire aussi:

Le Cameroun, champion des détentions arbitraires

Comme Dorgelesse a été condamnée pour avoir tout simplement exercé ses droits à la liberté d’expression et la liberté d’assemblée pacifique, Amnesty International a dénoncé le caractère arbitraire de sa détention et appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle dans le cadre d’une première campagne en janvier 2022. La situation de Dorgelesse a aussi été mise en avant à l’occasion de la campagne Écrire pour les droits la même année.

Le 4 novembre 2022, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a publié un avis qualifiant d’arbitraire la détention de 15 autres militants du MRC ayant participé à des manifestations en janvier 2019 et en septembre 2020.

Les avocats des 23 personnes condamnées à Douala pour leur participation aux manifestations de septembre 2020 se sont basés sur cet avis du Groupe de travail pour déposer des demandes en « habeas corpus » (libération immédiate) le 8 décembre 2022, appelant à leur libération immédiate. Le 25 janvier, le juge a rejeté la demande de libération immédiate pour les 23 personnes. En revanche, un procès en appel aura lieu le 16 mars 2023 pour statuer sur la demande de l’avocat de Dorgelesse Nguessan contestant le verdict en première instance qui condamne sa cliente, un processus différent de cette demande de habeas corpus.

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