Dans la cour de l’orphelinat « Œuvre des sans voix », où s’est tenue la veillée sans corps des obsèques de maman Jeanne Nsii, une tente est dressée. Sous ce chapiteau, aucune chaise. A l’intérieur de l’orphelinat, des enfants et des adultes chantent « joyeux anniversaire ». L’orphelinat célèbre l’anniversaire d’une pensionnaire. Le reporter qui a pourtant été rassuré quelques minutes plus tôt par une voisine que c’est la maison de deuil est perplexe. Il envisage de poursuivre ses recherches ailleurs lorsqu’il est interpellé par deux hommes et une femme assis sur un banc qui le rassurent de ce qu’il se trouve bien chez Hélène Ngo Mbii , la fille de la maman qui devait être inhumée à Eséka Samedi dernier et dont la Hiace transportant le corps a fait un accident à Edéa, faisant 16 morts.

Selon Serge Mboua, membre de la famille, les obsèques de feue Jeanne Nsii, vivant à Eseka et décédée à Douala des suites de maladie se sont passés sans incident jusqu’à la veillée, jeudi, 25 mai. «La veillée sans corps a eu lieu jeudi. Et à cette veillée, il était prévu une messe. Le prêtre est venu à 20h, comme le prévoyait le programme, mais, il n’y avait personne sous la bâche. Je suis resté là avec lui et c’est à presque 21h que la famille a commencé à arriver, et la messe a pu commencer », note le sexagénaire. Il poursuit. « Dans son homélie, il a dit que c’est de l’hypocrisie, parce que la dernière chose qu’on peut donner à un mort c’est la prière. Et il a dit que ‘‘avant de porter maman Jeanne Nsii à la morgue pour inhumation, il faut lui demander pardon pour votre hypocrisie’’. Puis, il est parti. Il n’a pas mangé, il n’a pas bu, il n’a pas fait la quête », note Serge Mboua, venu faire son deuil dans cet orphelinat « Œuvre des sans voix », qui est en principe, la maison de Hélène Mbii.

Mauvais dépassement comme cause

Sur les circonstances de l’accident, Valeur Parfait Herbert, médecin dermatologue, lui aussi venu faire son deuil, dans cette maison située au quartier Pk 9, raconte. « J’étais en train de voyager dans le bus de Général voyage. On roulait juste derrière la hiace, et devant elle, roulait un camion. Après avoir traversé le nouveau péage d’Edéa, on s’est retrouvé à un virage, quelques minutes plus tard. Au virage, le chauffeur de la hiace veut dépasser le camion. Notre chauffeur klaxonne et insiste pour lui dire de ne pas effectuer le dépassement, puisque le bus est plus haut et on voyait un camion plateau arriver. Dans le bus, tous les passagers se sont mis à crier, ‘‘ ne fais pas ça’’, ‘‘ne fait pas ça’’, ‘‘ ne fait pas ça’’. Nous avons tous crié. Et c’est alors que le chauffeur de la hiace engage le dépassement du camion qui était devant lui. Lorsqu’il voit le camion venir en face de lui, il est trop tard. Il n’a pas pu freiner, si non, il aurait pu serrer à nouveau sur son coté, que le camion plateau serait passé. Le chauffeur de la hiace a donc voulu entrer en brousse, mais, trop tard. Le choc est inévitable », raconte-t-il d’une voix presque tremblante.

Descendus des véhicules, les passagers accourent pour secourir les victimes. Lorsqu’il descend du camion, le chauffeur traumatisé, balbutie quelques mots. « Il disait ‘‘ce n’est pas de ma faute’’, ‘‘c’est lui qui est venu de mon côté’’. Il tremblait. Il avait complètement perdu ses esprits », raconte le témoin d’après qui, il a fallu près de 5 minutes pour les lui faire retrouver. Pour retirer certains corps, il a fallu se servir d’une hache pour fendre la carcasse de la hiace dans laquelle ils étaient encastrés. La gendarmerie et la police ont été appelées pour venir transporter à l’hôpital, les victimes qui respiraient encore.

Prémonitions

Le ministre des Transports et le gouverneur de la région du Littoral vont descendre sur les lieux, peu après ce drame survenu, apprend-on, peu avant 11h. La collision frontale fera également trois blessés. Les victimes seront conduites dans un premier temps à l’hôpital régional d’Edéa et à la morgue de cette formation sanitaire. Sur les causes de l’accident, même si le Mintransports parle encore d’hypothèse d’un mauvais dépassement couplé à l’excès de vitesse, en attendant les résultats de l’enquête ouverte, les témoins de cet accident sont formels. «C’est un mauvais dépassement. Comment un chauffeur peut-il s’engager à effectuer un dépassement à un virage ? », s’interroge le témoin. Bien que pour certains, la cause de cet accident est surnaturelle.

Des soupçons pèsent sur la maman qui devait être inhumée à Eséka. « Cette maman n’avait pas demandé à ne pas être inhumée à Eséka comme on le dit sur les réseaux sociaux. La défunte avait dit à deux des filles de son ancien mari, M. Mbee, de ne pas venir à ses obsèques. Ces deux filles sont venues et on croit que c’est parce qu’elles ont voyagé dans la hiace que l’accident s’est produit», explique un membre de la famille. Et une autre de poursuivre. « Dieu ne voulait même pas que Monique Zara voyage. Dans la nuit, on a volé son argent. Mais, Hélène a insisté qu’elle l’accompagne et a promis de payer son transport. Le vendredi matin, Monique entre dans la voiture, et constate quelques mètres plus loin, qu’elle a oublié sa Carte nationale d’identité. La hiace retourne à la maison, elle retrouve sa Cni et s’en va mourir dans cet accident », raconte une amie de la famille d’après qui c’étaient des signes qui visaient à la dissuader de voyager.

Teleasu

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