Entre 1995 et 2020, la richesse globale du Cameroun a progressé de 77 %, passant de 311 milliards de dollars à 553 milliards de dollars. Cela représente environ 186 600 milliards de FCFA à 331 800 milliards de FCFA. Selon le « Rapport sur la situation économique du Cameroun 2025 » publié par la Banque mondiale, cette hausse correspond à une croissance annuelle moyenne de 2,3 %. Si cette tendance se maintient, la richesse nationale pourrait atteindre 620 milliards de dollars d’ici 2025, soit plus de 372 000 milliards de FCFA. En clair, les Camerounais sont moins riches même si l’économie semble croître.
Pourtant, ce tableau économique cache une réalité préoccupante : la richesse par habitant a reculé de 11 % sur la même période. L’indice de richesse nationale (IRN) par habitant, qui évalue le capital humain, naturel, physique et financier, est passé de 100 en 1995 à 89 en 2020, soit une baisse annuelle moyenne de 0,4 %. Malgré une légère augmentation du PIB par habitant, cette croissance économique n’a pas permis d’enrichir durablement le pays, ce qui compromet le bien-être à long terme.
Les Camerounais moins nantis qu’il y a 30 ans
La richesse nationale, selon la Banque mondiale, repose sur quatre piliers : le capital humain (éducation, santé, compétences), le capital produit (infrastructures, usines, biens durables), le capital naturel (forêts, terres agricoles, minerais, hydrocarbures) et le capital financier (réserves de change, investissements, prêts). L’institution recommande de compléter l’analyse du PIB par celle de la richesse nationale pour mieux comprendre la santé économique d’un pays. Alors que le PIB par habitant a légèrement progressé, atteignant 1 467 dollars en 2024 contre 1 458 dollars avant la pandémie de COVID-19, il reste loin du pic de 1 980 dollars enregistré en 1986.
En juin, le ministre des Finances a indiqué que le PIB actuel s’élève à environ 35 000 milliards de FCFA, un chiffre susceptible d’être ajusté avec une réforme comptable en cours. Les experts de la Banque mondiale soulignent que la hausse du PIB par habitant traduit une amélioration des revenus à court terme, mais la stagnation de la richesse par habitant révèle une faiblesse : la croissance économique s’est souvent faite au détriment des ressources à long terme. Ainsi, malgré une économie plus dynamique, la dégradation du patrimoine national a conduit à une baisse de la richesse par habitant, menaçant les perspectives de prospérité future des Camerounais.
