La police a mis fin à deux jours de surveillance d’un immeuble dans lequel Maurice Kamto, le principal leader de l’opposition camerounaise, résidait après son retour de France, où il avait tenu un rassemblement politique qui avait enflammé le parti au pouvoir, le RDPC.

Dimanche, les forces de l’ordre ont empêché Maurice Kamto, âgé de 71 ans, de quitter l’immeuble situé dans la ville principale de Douala pour se rendre à une réunion avec les membres de son parti, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).

Il a ensuite annulé son projet de réunion pour lundi et s’est rendu dans la capitale, Yaoundé.

Le leader de l’opposition camerounaise, Maurice Kamto, est arrivé à Yaoundé, après les restrictions imposées par les forces de l’ordre qui l’ont empêché de rencontrer les membres de son parti à Douala.

Le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun a finalement quitté les lieux où il était encerclé par des policiers et des gendarmes depuis son arrivée de Paris samedi soir.

« Le président vient de quitter la ville pour Yaoundé… Pour éviter les tensions avec les autorités administratives et les forces de l’ordre, il a demandé à tout le monde de rentrer pacifiquement chez soi », a déclaré Christian Massoma, coordinateur régional du parti MRC. Il a ajouté que M. Kamto reste « serein et qu’il est rentré à Yaoundé de son plein gré ».

Christian Massoma, Coordinateur régional; du MRC au Littoral

Maurice Kamto, une force politique indéniable

Les scènes dramatiques qui se sont déroulées dimanche au siège du parti MRC à Douala ont révélé la nature volatile de la période préélectorale. De grandes foules se sont rassemblées pour exprimer leur soutien au chef du parti, âgé de 71 ans, bien que leur souhait de le rencontrer n’ait pas porté ses fruits en raison des restrictions imposées par la police.

Les responsables du MRC estiment que les restrictions imposées à M. Kamto et à ses partisans sont motivées par des considérations politiques. 

« Après le succès du rassemblement à Paris, les autorités se sont inquiétées de voir Maurice Kamto reproduire la mobilisation ici », a-déclaré Christian Massoma à la BBC.

« Elles ne voulaient pas voir Maurice Kamto communier avec les habitants de Douala », a-t-il insisté, notant que les autorités devraient laisser les Camerounais choisir leur prochain dirigeant dans le cadre d’élections libres et équitables.

Lors de son séjour à Paris le mois dernier, Maurice Kamto a promis de protéger M. Biya et sa famille s’il remportait les élections d’octobre.

M. Kamto envisage de se présenter à l’élection présidentielle dans le courant de l’année, dans l’espoir de mettre fin à la mainmise de Paul Biya, âgé de 92 ans, sur le pouvoir depuis quatre décennies. Biya n’a pas encore déclaré s’il se présenterait à sa réélection.

Kamto a passé neuf mois en détention après avoir contesté le scrutin de 2018, lorsque les autorités ont accusé l’ancien professeur de droit d’insurrection à la suite des protestations de ses partisans qui affirmaient que le scrutin avait été truqué en faveur de Biya. Le gouvernement a nié cette allégation.

Lors de son séjour à Paris le mois dernier, Maurice Kamto a promis de protéger M. Biya et sa famille s’il remportait les élections d’octobre.

“Si vous me faites le grand honneur de me confier les rênes, vous pouvez être sûrs que rien n’arrivera à M. Biya et à sa famille. Rien. Je vous le garantis, je n’ai pas de temps pour la haine. Je n’ai de temps que pour construire le Cameroun avec vous”, a-t-il déclaré aux milliers de Camerounais de la diaspora venus assister à son meeting du 31 mai.

Ces propos n’ont pas été bien accueillis par les responsables du parti au pouvoir, dont l’un les a qualifiés de « pathétiques ».

“De quelle protection ont-ils besoin ? De quelle famille parlons-nous ?”, s’est interrogé le ministre du Travail Grégoire Owona dans une publication sur Facebook, ajoutant que “le Cameroun n’est pas en danger”.

Grégoire Owona, Ministre du Travail

Répression policière

Suite au retour de Kamto, la sécurité a été renforcée dans certains quartiers de Douala. Des policiers sur le terrain ont déclaré à la BBC lundi qu’ils avaient reçu l’ordre de surveiller le quartier où résidait Kamto, et que les médias n’étaient pas autorisés à filmer.

Des images filmées dans la ville portuaire dimanche soir montrent M. Kamto déclarant à ses partisans :

“Au moment où je vous parle, je suis toujours séquestré. Rentrez chez vous dans le calme et la dignité”, a-t-il dit à ses partisans qui s’étaient rassemblés sur les lieux.

Des policiers et des gendarmes ont également interdit l’accès au bâtiment du parti MRC à Douala, où M. Kamto tentait de se rendre, déclarant que la réunion n’était pas autorisée. Mais Kamto nie ces faits, affirmant que les autorités locales et administratives ont été informées de sa venue dans la ville pour une réunion.

À l’approche des élections, les groupes de défense des droits ont condamné la répression exercée par le gouvernement contre les dissidents dans ce pays d’Afrique centrale. Les élections législatives qui devaient également avoir lieu au début de l’année ont été reportées à 2026.

M. Kamto a exaspéré les autorités camerounaises en organisant un rassemblement sur la célèbre place de la République à Paris. M. Biya est au pouvoir depuis 42 ans et est l’un des plus anciens chefs d’État au monde.

L’année dernière, le pays a interdit toute information sur la santé du président, suite à des rumeurs de décès.

Les autorités ne voulaient pas voir Maurice Kamto communier avec ses partisans du MRC

L’éligibilité de M. Kamto à la présidence est remise en question, car la loi camerounaise exige que tout parti politique ait déjà des représentants élus en place si son dirigeant souhaite se présenter à l’élection présidentielle.

Lors de la dernière élection présidentielle, le parti MRC de Kamto avait un sénateur, mais pour cette élection, il n’a aucun représentant élu car il a boyctotté les dernières élections municipales et législatives.

M. Kamto pourrait également se présenter en tant que candidat indépendant, ce qui nécessiterait 300 signatures de personnalités désignées dans tout le pays.

Guy Tassé, représentant du MRC, a déclaré à l’AFP qu’il s’agissait d’une “manœuvre politique du régime pour tenter de bloquer le candidat qu’il craint parce qu’il incarne un véritable changement”.

Le pays est également en proie à une insurrection séparatiste, les rebelles réclamant l’indépendance des deux provinces anglophones du Cameroun, qui abritent 20 % de la population. Depuis le début du conflit, il y a près de dix ans, au moins 6 000 personnes ont été tuées et des centaines de milliers ont été contraintes de quitter leur foyer.

Par BBC

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