Le Cameroun a récemment été inscrit sur la liste grise des pays soumis à une « surveillance renforcée » par le Groupe d’action financière (Gafi), l’organisme international dédié à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, apprend-on du site Ecomatin. Aux côtés de la Croatie et du Vietnam, le pays se joint à 23 autres juridictions considérées comme présentant des « déficiences stratégiques dans leurs régimes de lutte » contre ces crimes financiers ainsi que la prolifération d’armes de destruction massive. Il est à noter que cette liste comprend des pays qui ont réalisé des progrès au cours des dernières années en mettant en place les mesures recommandées par le Gafi. L’organisation appelle ces juridictions à finaliser rapidement leurs plans d’action conformément aux délais convenus.

Cette intégration du Cameroun à la liste grise du Gafi est une avancée majeure compte tenu de la situation que le pays traverse depuis fin 2017, notamment avec le conflit armé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Des groupes armés, se battant pour l’indépendance de ces régions, reçoivent en effet des financements illicites de la part de certains membres de la diaspora anglophone, agissant en tant que donneurs d’ordres, pour soutenir leurs efforts de guerre.

Selon les données de l’Agence nationale d’investigation financière (Anif) et le dernier rapport 2021 de la Commission nationale anti-corruption (Conac), le préjudice financier causé au Cameroun par les flux financiers illicites liés au blanchiment d’argent, au financement du terrorisme et aux trafics divers s’élève à 135 milliards de francs CFA, soit une augmentation de 11 milliards par rapport à l’année précédente. Sur la période de 2006 à 2021, le volume des flux financiers illicites enregistrés dans le pays atteint 1 869 milliards de francs CFA. Les experts de l’Anif ont identifié des flux financiers suspects liés à diverses infractions telles que les fraudes fiscales et douanières, les détournements de deniers publics, le scamming, les trafics divers, le financement du terrorisme, l’escroquerie et la corruption.

Selon l’Anif, les principaux vecteurs du blanchiment de capitaux au Cameroun sont les banques (représentant 73,60% des déclarations suspectes), les opérateurs de transferts d’argent (18,62%), le Mobile Money, qui connaît une expansion rapide dans le pays (4,59%), et les établissements de microfinance (1,15%).

Cette inclusion du Cameroun sur la liste grise du Gafi souligne l’importance pour le pays de renforcer ses efforts dans la lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et les crimes financiers en général. Les autorités devront prendre des mesures supplémentaires pour mettre en place des réglementations et des contrôles plus rigoureux afin de prévenir et de combattre ces pratiques illicites.

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