Le Cameroun est une fois de plus plongé dans la stupeur et l’indignation. Ce vendredi à Douala, le journaliste sportif Alain Denis Ikoul a été enlevé de manière brutale par des éléments de la compagnie de gendarmerie de Ndogbong. Derrière cette arrestation aux allures d’enlèvement ciblé, le nom de Samuel Eto’o, président de la FECAFOOT, revient avec insistance, accusé d’avoir commandité l’opération pour faire taire une voix critique de plus contre sa gestion de plus en plus controversée du football camerounais.

Alain Denis Ikoul, un autre journaliste réduit au silence pour avoir dénoncé la dérive de la FECAFOOT

Alain Denis Ikoul n’est pas un inconnu du public sportif camerounais. Depuis des mois, il alerte l’opinion sur les dérives financières, institutionnelles et morales de la Fédération Camerounaise de Football sous l’ère Eto’o. Son ton tranchant, ses enquêtes argumentées et son indépendance en ont fait une cible pour les partisans d’un pouvoir autoritaire désormais allergique à toute forme de contradiction.

Ce vendredi, il a payé le prix fort pour sa liberté d’expression. Enlevé en pleine journée, sans mandat officiel rendu public, et conduit vers une destination inconnue, il subit le sort réservé à ceux qui dérangent les puissants. Un acte que de nombreux observateurs n’hésitent pas à qualifier de kidnapping d’État orchestré par des relais judiciaires et sécuritaires aux ordres de Samuel Eto’o.

Un scénario digne de l’affaire Martinez Zogo ?

L’affaire fait immédiatement écho à une autre tragédie qui hante encore les mémoires : l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, enlevé, torturé puis retrouvé mort. À l’époque, les soupçons s’étaient déjà portés sur des cercles proches du pouvoir, mêlant intérêts privés, règlements de comptes et usage mafieux des institutions de l’État.

Aujourd’hui, la similitude des méthodes glace le sang. Utilisation abusive des forces de l’ordre, interventions illégales, complicité de magistrats, et volonté manifeste de museler la presse libre : le Cameroun bascule lentement mais sûrement vers un État de non-droit, où les journalistes sont pourchassés comme des criminels pour avoir fait leur métier.

Le juge Timba Georges et maître Elamè, accusés de complicité judiciaire

Selon plusieurs sources concordantes, Monsieur Timba Georges, président du Tribunal de Première Instance de Yaoundé Centre Administratif, serait au cœur du dispositif judiciaire mis en place pour donner un vernis de légalité à cette arrestation arbitraire. Il aurait agi de concert avec maître Elamè, avocat réputé proche du clan Eto’o, dans une tentative de neutraliser Alain Denis Ikoul sous couvert de procédures judiciaires fabriquées de toutes pièces.

Ce détournement de l’appareil judiciaire au service d’un homme et non du droit est une menace grave pour la démocratie, d’autant plus inquiétante qu’elle s’inscrit dans une série de précédents inquiétants orchestrés par Samuel Eto’o contre d’autres voix dissidentes.

Samuel Eto’o, la dérive d’un ancien héros devenu bourreau des libertés ?

À mesure que les scandales éclatent autour de sa gestion de la FECAFOOT, détournements présumés, opacité budgétaire, conflits d’intérêts, abus de pouvoir Samuel Eto’o semble s’enfoncer dans une fuite en avant autoritaire et paranoïaque. Au lieu de répondre aux critiques de manière transparente, il utilise la peur, l’intimidation et la répression pour protéger son empire personnel bâti autour du football camerounais.

Il ne s’agit plus seulement d’un problème sportif. C’est la démocratie camerounaise, la liberté de la presse et l’État de droit qui sont attaqués à travers ces méthodes d’un autre âge.

Un appel à la vigilance et à la justice

Face à cette nouvelle dérive grave, il est urgent que les autorités judiciaires, politiques et la société civile prennent leurs responsabilités. Le ministre de la Justice, Laurent Esso, qui a déjà fait preuve de rigueur face à des arrestations abusives orchestrées par Samuel Eto’o, est interpellé. Il doit exiger la libération immédiate d’Alain Denis Ikoul, l’ouverture d’une enquête indépendante et la fin de l’impunité autour des abus de pouvoir commis par le président de la FECAFOOT.

Le Cameroun ne peut plus tolérer que des institutions républicaines soient détournées à des fins personnelles. Si Samuel Eto’o pense pouvoir faire taire toutes les voix critiques à coups de menaces, d’enlèvements et de complicité judiciaire, il se trompe lourdement. Le peuple camerounais et les défenseurs de la liberté n’oublieront ni Alain Denis Ikoul, ni Martinez Zogo, ni ceux qui piétinent la justice pour servir leurs intérêts.

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