Chef présumé du commando qui aurait assassiné le journaliste Martinez Zogo, cet officier de la DGRE est au cœur de l’affaire qui secoue le Cameroun.

Figure majeure de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), le service de contre-espionnage camerounais, Justin Danwe est inconnu de la quasi-totalité de ses compatriotes. Comme tout bon espion, ses interactions sociales sont limitées, et sa vie numérique intraçable. Une existence discrète et secrète qui a pris fin le 1er février, quand Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence, a confirmé à demi-mots son arrestation pour son implication présumée dans l’assassinat du journaliste Martinez Zogo.

Quelques jours après la découverte du corps sans vie du journaliste, le 22 janvier, à Eboko près de Soa, Justin Danwe était interpellé dans la plus grande discrétion, devenant le tout premier suspect d’une enquête qui deviendra rapidement une affaire d’État. Convoqué à la suite d’une dénonciation faite par un de ses collaborateurs, Danwe se serait, selon Jeune Afrique, auto-dénoncé aussitôt que lui ont été présentés les éléments ayant conduit à son arrestation.

Un « sujet brillant »

Mais qui est le directeur des opérations des services secrets du pays, décoré chevalier de l’ordre du mérite camerounais le 20 mai 2021 ? Le natif de Souaye, dans l’arrondissement de Guidiguis (région de l’Extrême-Nord) est crédité d’un parcours scolaire sans faute. De son passage au lycée classique et moderne de Ngaoundéré, où il obtient un baccalauréat littéraire en 1998, à l’université de la même ville, qu’il quitte en 2002, licence en poche, le récit de ses anciens camarades décrit un « sujet brillant » à « l’intelligence vive ».

Son admission à l’École militaire interarmées (Emia) en 2002, est une surprise pour plusieurs de ses camarades qui lui prédisaient une toute autre trajectoire. Mais l’intéressé semble s’y plaire. Sorti de la prestigieuse institution chargée de former les officiers camerounais en 2004, il devient lieutenant en 2007. Il sera ensuite promu capitaine au début des années 2010, chef d’escadron en 2018.

Luttes d’influence à la DGRE

A la DGRE, l’officier de gendarmerie évolue dans un panier de crabes. Les services de contre-espionnage font en effet l’objet d’une âpre et secrète lutte d’influence. Leur patron, Léopold Maxime Eko Eko, doit faire face à l’activisme de réseaux occultes qui réclament son départ, et ce malgré les succès qu’il a pu engranger à la tête de ce service – dont le plus retentissant fut la libération de neuf otages enlevés au large du Cameroun en novembre 2008.

Face à l’adversité, Léopold Maxime Eko Eko plie mais ne rompt pas. Le chef de la DGRE tient ferme les rênes de la structure, alors que des médias locaux évoquent à plusieurs reprises son remplacement imminent. Eko Eko le sait : ses adversaires ne se comptent pas qu’en dehors de la structure qu’il dirige. Soupçonnait-il Justin Danwe d’être de ceux qui roulent pour ses adversaires ? Le 22 novembre 2021, Eko Eko prend la décision de l’écarter, en lui retirant une bonne partie de ses prérogatives. Parmi elles, celle de la mise en mouvement de troupes, ou encore l’usage de certains matériels. Mais il ne peut aller beaucoup plus loin, la décision de le révoquer de ses fonctions revenant exclusivement au président de la République. La preuve, Justin Danwe devient lieutenant-colonel de la gendarmerie 1er janvier 2022.

Avec Jeune Afrique

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